Résumé :
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L’Université se trouve aujourd’hui au cœur d’un impératif social, présumé légitime et incontournable, de former des citoyens capables de s’insérer de manière durable sur le marché du travail, d’évoluer et de participer activement aux besoins de l’économie. Ces transformations, induites par la mondialisation et les injonctions du Conseil de l’Union européenne pour « favoriser la compétitivité européenne dans une économie mondiale fondée sur la connaissance » (2007), se sont cristallisées en France dans le cadre de la LRU (2007)et de ses précisions avec le Plan réussite en Licence (PRL, 2007). Trois principaux axes s’en détachent : l’orientation et l’insertion professionnelle des étudiants doivent être une priorité de l’Université (au même titre que la formation et la recherche scientifique) ; une logique de rentabilité et de rationalisation de l’enseignement universitaire et de ses débouchés doit se développer ; au moins la moitié d’une classe d’âge doit parvenir au niveau de qualification d’un diplôme d’enseignement supérieur. C’est au regard de ces changements que ce travail de recherche s’est intéressé à la thématique de l’orientation universitaire, et plus précisément aux questions que pose aujourd’hui la mise en œuvre de ces politiques quant à leur réception et leur appropriation par les « acteurs de l’orientation » à l’Université. Dans cette perspective, notre attention s’est portée sur l’instauration de l’ « orientation active » à l’Université. Au sein de cet espace en construction,dont les tensions intégrées traduisent une bipolarisation autour de ce que nous nommons « travail éducatif » et « mystification pédagogique », cette recherche montre que l’engagement des enseignants-chercheurs se situe au confluent d’un ajustement de logiques, en tensions créatrices entre utilité sociale et développement professionnel.
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